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"Les accidents, essayer de les éviter... c'est impossible. Ce qui est accidentel révèle l'homme." (Pablo Picasso)

Et si ma vie avait commencé comme un accident ? Je suis née jumelle d'une rencontre tardive entre deux parents déjà âgés, jusque-là célibataires que leurs amis croyaient endurcis. Ayant ouvert les yeux au milieu des sixties, du plus loin qu'il m'en souvienne, j'ai toujours été en contact avec le monde artistique. D'abord un contact par personnes interposées entre une maman qui peignait ou dessinait et un papa qui voulait ouvrir ses enfants à la culture; puis un contact plus rapproché jusqu'à ce moment où deux fibres se touchent pour provoquer une étincelle créatrice personnelle.

L'étincelle a d'abord grandi tout au long de mes cours à l'Académie des Beaux-Arts de Huy, à partir de 12 ans. À 18 ans, comme d'aucuns ont quitté leur province, je suis entrée à l'Institut Supérieur des Beaux-Arts Saint-Luc à Liège pour un graduat en arts plastiques, faisant le choix de l'illustration.

Ensuite, en tant qu'indépendante et jusqu'en 2002, j'ai illustré divers ouvrages de maisons d'édition pour la jeunesse (Averbode, notamment).

C'est alors que, souhaitant transmettre ma passion aux jeunes, je me suis dirigée vers l'enseignement où j'exerce encore.

Il y a des étincelles que des aléas de la vie peuvent éteindre, certaines que l'on garde secrètes, d'autres que des circonstances révèlent en plein jour. Mon étincelle créatrice, je la voulais brûlante et vivante, mais différente de celle que je suivais depuis mon adolescence. Il me fallait découvrir davantage, explorer des manières, des matières... Ainsi, à l'aube de mes quarante ans, je suis retournée à l'Académie des Beaux-Arts de Huy pour y compléter ma formation. Pendant quelque dix ans, ma peinture s'est étoffée des techniques de tempéra, brou de noix, glacis à l'huile ou monotypes... mais j'ai aussi goûté à la gravure, la sérigraphie et la céramique. Et, toujours, à une part d'Histoire de l'Art avec de nouveaux artistes ainsi découverts.

Voici deux ans, mon parcours m'a emmené vers la gravure, à l'Académie des Beaux-Arts de Namur cette fois.

J'écrivais qu'au fil des dix années passées à l'Académie de Huy, ma peinture s'était enrichie d'apprentissages et d'expériences. Mais la plus forte des découvertes, sans doute, est celle que j'ai faite de moi. En tant qu'artiste, et donc en tant qu'être humain! Car être humain, c'est communiquer. Et comme l'enfant dessine le soleil qui sourit parce qu'il aime ce séjour à la mer avec papy et mamy, ma peinture communique tantôt un peu, tantôt beaucoup, mais toujours passionnément sur moi.